En Nouvelle-Calédonie, sur les terres kanak, la vie suspendue aux ... - Le Monde

Au terme de trois heures et demie de route au départ de Nouméa, une improbable cathédrale de métal, nichée entre deux montagnes, se détache sur le bleu turquoise du lagon. Depuis sa mise en activité, en 2013, l'usine métallurgique de Koniambo Nickel SAS (KNS) a redessiné le paysage. Elle a aussi chamboulé le quotidien des communes environnantes : à Voh, à Koné et à Pouembout, en Nouvelle-Calédonie, la vie s'écoulait jusqu'alors tranquillement entre élevage bovin, agriculture vivrière et quelques emplois dans les mines environnantes.

Il y a vingt ans encore, le site demeurait, côté mangrove, le territoire des femmes d'Oundjo, pêcheuses de crabes réputées, et, côté montagne, celui des centaines de cerfs, venus se repaître des feuilles de faux mimosa. « On chassait là où il y a l'usine », se remémore Simonin Thowala, 60 ans, cuisinier de formation, à la tête de l'unique entreprise de restauration collective du coin. L'homme habite toujours au sein de la tribu kanak, d'où sont également issus la plupart des vingt salariés permanents. « L'usine », comme il l'appelle, il lui doit « presque tout », excepté son caractère déterminé.

Un ouvrier de l'usine métallurgique de Koniambo Nickel SAS, à Voh (Nouvelle-Calédonie), le 1er novembre 2023.

Aujourd'hui, la zone Voh-Koné-Pouembout compte plus de 4 000 entreprises, contre 2 500 en 2005. Le secteur des services représente désormais plus d'une entreprise sur deux. Les retombées économiques sont énormes : 5 milliards d'euros depuis 2005.

Cette success story a eu un revers, l'endettement de KNS. Jamais rentable, l'entreprise a accumulé une dette abyssale de 13,9 milliards d'euros. La province Nord, collectivité indépendantiste, en est l'actionnaire à 51 %. Son partenaire, le suisse Glencore, qui détient les 49 % restants, a annoncé son intention de se retirer du projet en février 2024, si de nouveaux financements ne sont pas trouvés.

Des salariés, à l'atelier de maintenance de l'usine de Koniambo Nickel SAS (KNS), à Voh (Nouvelle-Calédonie), le 1er novembre 2023.

Or l'usine fait partie de la politique de rééquilibrage issue des accords de Matignon de 1988, qui ont mis un terme à la quasi-guerre civile. Entre les provinces, celle du Sud, où se trouvent Nouméa et sa population majoritairement loyaliste, et celle du Nord, avec ses terres coutumières kanak, ce rééquilibrage forme la clé de voûte qui préside depuis toujours au développement du site métallurgique.

Fruit des accords politiques, il contient aussi la vision indépendantiste selon laquelle la souveraineté future passe par l'indépendance économique. Il fallait permettre aux Kanak de mettre un pied dans l'activité minière. Non plus comme de simples ouvriers, mais à la tête d'entreprises qui leur permettraient de maîtriser l'activité.

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